Selon Gartner, d’ici quatre ans, 65 % des applications créées le seront en no code ou en low code. Une tendance et des termes qui cachent de nombreux enjeux. Des enjeux abordés lors d’un atelier organisé par inovallée, réunissant une quinzaine d’entrepreneurs, en partenariat avec les équipes du groupe Neoxia, un pure player numérique spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans la transition digitale.
Depuis quelques années, la tendance au low-code / no-code s’accélère avec l’émergence de solutions logicielles telles que Zapier, TypeForm, AppSheet, Airtable. Et elle n’est pas prête à s’inverser ! Même les CMS se dotent d’outils permettant d’effectuer des tâches jusqu’à présent réservées aux développeurs avec des outils tels qu’Elementor, Divi, voire Oxygen Builder. Le cabinet Gartner estime que, d’ici quatre ans, 65 % des applications seront conçus en low code / no code. Un sujet d’actualité dont inovallée s’est emparé au cours d’un atelier le 8 octobre dernier en partenariat avec les équipes du groupe Neoxia, une société spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans la transition digitale, basée à Paris, Bordeaux, Pau et Grenoble, sur inovallée.
Low code / no code (LCNC), le nouvel eldorado ?
La puissance des nouvelles technologies associée à une démocratisation croissante de l’internet haut débit ont poussé les éditeurs à proposer davantage de services accessibles en ligne et particulièrement ergonomiques. Chaque jour, la toile voit de nouveaux entrants en ce domaine du Low code / no code (LCNC). Il faut dire qu’il y a tout à penser et à automatiser, afin de simplifier la vie des utilisateurs non experts. C’est précisément là l’intérêt du LCNC. La frontière entre ces deux termes est mince.
- Low code : 80 % des tâches sont effectuées sans avoir besoin de connaître un langage de programmation. Les 20 % restants nécessitent des compétences techniques et/ou une légère formation.
- No code : comme son nom l’indique, tout se fait sans avoir besoin de programmer quoi que ce soit. Tout se passe sur le logiciel à travers son interface graphique, ou en glissant-déposant des blocs visuels que l’utilisateur paramètre. Moins flexible, le no code renvoie à la notion de citizen developper où chacun devient capable de concevoir des applications et des outils numériques sans coder.
Ces approches, bien que légèrement différentes, nourrissent toutes un même objectif : « accélérer le développement en réduisant le temps technique de conception », explique Clément Reilles, Scrum Master chez Neoxia. Trois grands modèles d’utilisation se démarquent :
- L’intégration de blocs LCNC à une plateforme existante : à l’aide de SDK (Software Development Kit) et d’APIs (Application Programming Interface), le but est de tisser des passerelles entre diverses applications dans la perspective de sous-traiter une partie technique des besoins. Par exemple, un formulaire Typeform créé sur la plateforme peut ensuite être intégré, via la génération automatique de codes, dans un site.
- L’agglomération de solutions LCNC afin de construire une plateforme complète sur un modèle Lego : là, l’enjeu est d’aller au-delà des limitations techniques d’un outil pour bâtir une solution globale offrant une réponse à des besoins spécifiques. Exemple : un tunnel de vente réalisé sous un CMS de type WordPress peut faire appel à un chatbot pour orienter l’utilisateur vers une offre, offre qui renvoie à un formulaire dont l’envoi générera une action spécifique (l’automatisation de la saisie des données clients dans une base client de type CRM) via une connexion avec Zapier, un logiciel permettant de connecter entre eux différents services applicatifs. Il est possible d’imaginer des interactions variées, telles que la création d’un nouveau client dans une base CRM déclenche un remplissage d’une tâche dans Trello ainsi qu’une publication LinkedIn…
- L’utilisation d’une plateforme LCNC multi-usage standardisée : ce type d’outil concentre l’ensemble des services possibles sous un même toit. C’est le cas de Microsoft avec sa suite Power Platform et Power Apps ou encore Power Bi, mais aussi de Google avec AppSheet.
Le choix des outils LCNC dépend évidemment des besoins que l’on souhaite adresser, ainsi que des challenges auxquelles les entreprises sont confrontées.
Des enjeux stratégiques…
Car si ces outils connaissent un grand succès et explosent actuellement, il y a bien une raison. Le marché du LCNC est en pleine expansion portée par les pays, notamment asiatiques, où la formation est parfois difficile d’accès. « D’autre part, ce sont des outils clés en main où tout fonctionne avec du suivi statistique (monitoring), sans oublier le côté collaboratif (gouvernance) et ce, sans nécessité de compétences techniques pointues », souligne Alexandre Brun, Architect Tech chez Neoxia. Et de poursuivre : « ce n’est pas pour rien que 60 % des organisations qui ont adopté du LCNC constatent une hausse de leurs revenus tout en aidant à renouveler leur parc système ». Toute personne, dans un contexte d’open data, est capable de concevoir des applications. C’est ce que l’on entend par la notion de citizen developper, un terme apparu sous l’impulsion du cabinet de conseils Gartner il y a une dizaine d’années. Deux prérequis sont nécessaires. « Cette démarche doit être soutenue par une politique d’entreprise, de manière à ce que les salariés puissent développer leurs propres outils afin d’améliorer les process et d’accélérer la digitalisation. Évidemment, il faut aussi avoir une certaine appétence geek ! », précise Clément Reilles. Deuxième prérequis, l’interopérabilité des données afin de permettre à tout un chacun de disposer des mêmes bases pour utiliser ces logiciels (fichiers CSV, JSON notamment).
La transition du low code / no code implique quatre changements majeurs qui s’inscrivent dans un contexte porteur, boosté par la crise sanitaire et la pénurie de développeurs qualifiés :
- Budgétaire: passer du Capex à l’Opex, l’investissement est divisé par dix mais nécessite l’acquisition de licences. Un changement de paradigme dans l’utilisation de son outil numérique s’opère ;
- RH: dans un marché fortement tendu où la demande est plus grande que l’offre de développeurs qualifiés, ce type de logiciel permet aux entreprises de pallier aux problématiques de recrutement dans une approche « citizen developper » ;
- Culturel: avec les citizen’developpers, les équipes métiers peuvent agir concrètement sur leurs outils numériques ce qui induit un rapprochement entre les services IT et ceux opérationnels ;
- Managérial: les LCNC favorisent l’entrepreneuriat et l’intrapreneuriat en facilitant la création rapide de preuve de concept (POC) tout en accélérant le time to market. Ces logiciels offrent la possibilité de tester rapidement une solution, une idée, etc.
… et des interrogations
Après une présentation d’un cas d’usage avec AppSheet, une plateforme de développement no code d’applications née en 2014 et acquise par Google en 2020, l’atelier s’est poursuivi par de nombreux questionnements, dont celui de la sécurité et l’utilisation des données. Car c’est bien là le point litigieux. Si les outils LCNC nécessitent d’accepter un contrat de licence, l’essentiel des outils fonctionne en mode SaaS d’où la question de l’hébergement des données avec, en arrière-plan, le Cloud Act, un arsenal législatif américain portant sur le traitement des données et offrant librement l’exploitation de celles-ci par les États-Unis sous certaines conditions. D’autre part l’interdépendance entre certains logiciels implique de disposer des moyens de sécurité suffisants fort. Des sujets d’actualité qui méritent une lecture attentive et un choix éclairé quant aux données à mettre à disposition sur ces outils…